Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Je crée ce blog avant tout pour faire connaitre notre village, ce qui s'y passe aux alentours aussi,le raconter au fil du temps, afin de constituer une mémoire pour ceux qui le connaissent de près ou de loin. Que chacun se souvienne, y puise ce qu'il cherche ou tout simplement participe à l'enrichissement de ce site.

Les endives.. C'était dur!

 

 La première partie est un copier-coller d'un site dont vous trouverez l'adresse ci-dessous. Je ne saurais dire mieux, ni davantage que ce qui est déjà écrit, c'est donc pour cela que j'ai choisi cette option. La seconde partie comporte des photos de Nurlusiens au travail. Et d'appréciations plus personnelles.


http://a.gouge.free.fr/bohain%20photos/souvenirs/culture%20des%20endives.htm

 

 

 

 

 

                                             
                                                                                         
                                 
Le forçage en couches
Si les caves sont trop petites, on ira tout simplement repiquer les endives à l’extérieur, où la place ne manque pas ; c’est ce qu’on appelle les couches, ou silos. Deux problèmes restent à résoudre : la lumière et la température. Pour la lumière, pas de problème : on recouvre tout simplement les endives par des tôles ondulées cintrées et le tour est joué. Le problème de la température est plus délicat à résoudre.
                 
                       
            Sachant que dans une cave à 12 ou 15°C votre endive met plusieurs semaines à se développer, il devient impensable de la faire pousser par des températures hivernales où la végétation est bloquée. Seule solution : chauffer la terre et isoler thermiquement le mieux possible la couche pour maintenir les racines à une température voisine de 20°C. Le chauffage s’obtenait par une circulation d’eau chaude dans des tuyaux enterrés. Dans notre région, les producteurs étaient équipés de chaudières à charbon de forme curieuse, implantées à côté de la couche et produisant de l’eau chaude qui circulait dans les tuyaux par thermosiphon.                
             
En cas de grands froids, il fallait faire le plein de combustible toutes les trois heures, jour et nuit ! Malheur aux riverains des producteurs : ils passaient les mois d’hiver dans les odeurs de fumée des poêles à charbon ! Enfin, l’isolation thermique était tout simplement réalisée par une épaisse couche de paille, soit coincée entre les endives et la tôle ondulée, soit placée au-dessus de la tôle. Grâce à ce procédé, une couche permet la production de plusieurs centaines de kilos d’endives après 21 jours de forçage. La production de masse peut commencer ! Cette méthode était la seule utilisée depuis l’introduction de la culture de l’endive en France jusqu’au début des années 60. Certains producteurs de notre région restent fidèles au forçage en couches, arguant du fait que leur produit est meilleur et moins amer qu’avec le procédé contemporain de forçage. Notons que les tenants du forçage en couches utilisent de moins en moins la chaudière à charbon, remplacée par un chauffage électrique avec des résistances enterrées ; ils n’ont pas à se réveiller la nuit pour remplir le poêle de combustible et ils n’enfument plus les voisins ! L’isolation thermique est également améliorée en recouvrant les tôles de films en matière plastique.
                                                 
                 

chaudières à charbon
                           
                                   
       
Le stockage réfrigéré des racines de chicorée
Mais au fait, pourquoi l’endive ne se trouvait jadis qu’en période hivernale ? Pour une raison évidente : on arrache les racines de chicorée au début de la saison froide. Tant que les températures sont basses, la végétation est bloquée : on peut conserver facilement ces racines et étaler la production d’endives par forçage sur les mois d’hiver. Par contre, dès le retour du printemps, les racines encore stockées vont se mettre à germer naturellement, produisant des feuilles vertes immangeables ! Les racines non utilisées au printemps étaient perdues. Dans les années 60 sont apparus les premiers stockages réfrigérés pour pouvoir conserver les racines à une température voisine de 5°C quelle que soit la température extérieure. Grâce à cette technique, le repiquage des racines en vue du forçage devenait théoriquement possible pendant toute l’année. C’est également dans cette décennie que la technique du forçage s’est profondément modifiée avec l’apparition du forçage hydroponique.

 

                                                             -----------------------------------------------------------------------

 

 

Suite:

 Le démariage terminé ne signifiait pas que les travaux aux champs cessaient pour autant. Car à cette époque l'agriculture en général était encore (Propre) dirais-je, c'est à dire exempte d'herbicides et autres pesticides aussi. Il fallait donc aller < Repasser> dans les champs pour empêcher les mauvaises herbes d'être trop nombreuses et de ce fait nuire à la culture en place. Cela se faisait également pour les betteraves. Et il y en avait des mauvaises herbes croyez moi. Toutefois, cette tâche était moins pénible parce que les gens employaient pour ce faire une binette à long manche. Ils n'étaient plus courbés et avançaient plus vite aussi.

 

Ensuite à la fin de l'été et en automne, la récolte des racines( ou carottes, si vous préférez) avait lieu et ce n'était pas une mince affaire non plus.

 

Souvenirs:

Dans les années 1960, il était courant que la récolte des racines se fasse encore à l'aide d'un cheval.

 

C'était dans un autre village, un dimanche matin, il faisait froid et les champs étaient recouverts d'une gelée blanche, dans la plaine le vent soufflait.

Environ huit heures trente du matin

Plusieurs familles s'étaient réunies dans le champ d'endives pour les arracher; Des hommes, des femmes, des personnes âgées et des enfants.

Ils étaient venus donner un coup de main.

Chacun se préparait au travail, échangeant aussi des dernières nouvelles, le cheval, prêté par un agriculteur, est arrivé avec son conducteur et bien vite le travail commença.

Il fallait savoir mener un cheval tirant une charrue au ras de la route d'endives, faire passer le fer le plus près possible des racines afin que les personnes puissent juste derrière les sortir de terre par un simple mouvement de basculement et les mettre en ligne assez loin pour ne pas gêner.

D'autres personnes reprenaient ces racines à présent sorties de terre  pour en couper les feuilles vertes à environ deux centimètres du collet, en allant cette opération faite, ils en faisaient des petits tas qui ensuite étaient chargés dans des mannes et transportées jusqu'à un tombereau par des hommes aussi.

 Nous, enfants, participions comme nous le pouvions, de çi de là, contents d'être présents, sans doute aussi fiers qu'on nous laisse faire quelque chose comme eux.

Nous nous sentions Grands..

Le froid était mordant, les visages rougis par le vent, les yeux qui pleuraient et les nez qui coulaient, un revers de manche pour essuyer tout cela, pas le temps de se moucher et d'ailleurs comment le faire avec des mains pleines de terre.

Une petite pose, quand même, le temps de s'offrir un café sorti tout chaud d'un thermos pour ceux qui en voulaient, certains hommes, préférant boire un (canon) et allumer bien vite une cigarette roulée par avance, que déjà le cheval était relancé à l'assaut des routes suivantes. Les mains et les pieds gelés, les corps tremblant dans des vêtements qui n'étaient pas assez chauds, transis jusqu'au plus profond d'eux mêmes, ils reprenaient tous le travail dans un même élan, se motivant de plus en plus. Se dépêcher encore un peu, pour finir de charger ce tombereau et retourner au village, mettre à l'abri les racines afin qu'elles ne gèlent.

 

Et puis, cette phrase, lancée haut;

Dépêchez vous, l'heure tourne, ça va être la messe!

Alors, sans un mot à présent, l'allure s'accélère, c'est vrai il y a messe au village, comme tous les dimanches. L'accent est mis à présent sur cela.

La volonté, la motivation firent que le travail fût accompli dans le temps imparti, et qu'à onze heures du matin, nombre des personnes présentes étaient à la messe.

Croyez vous que pour autant, la journée était terminée?

Sortis de là, il fallait pour ces dames aller vite faire à manger, pour la marmaille grandissante, et les hommes s'affairer à d'autres tâches, s'occuper de la volaille, voire à couper du bois, ou plus simplement s'occuper des endives.

Tout cela prenait du temps.

 

Et comme le disaient souvent les anciens;  Les journées ne sont pas assez longues.

 

Seigneur, donnez nous le temps et la force aussi.

Cette phrase entendue ce matin là, exprimée par une mère de famille qui se croyait seule à ce moment là me fit prendre conscience de la réalité de la vie. De sa dureté aussi.

Et je la vis pleurer.

 

J'avais à peine dix ans.

 

 

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
bonjour, je suis en train de raconter dans un petit bouquin mon enfance à la ferme dans lequel la culture des endives a occupé une bonne place. je cherche une ou des images des chaudière au charbon que nous utilisions en 1965... En avez vous serait -il possible d'en avoir une<br /> merci de votre réponse.
Répondre
M
<br /> ah, que de beaux souvenirs et c'est vrai que l'on ne se rend pas compte comme la vie était pénible et dur le labeur!<br /> bonne soirée!<br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> C'est pour cela que j'en parle, reconnaitre le travail des anciens. Le respect.<br /> <br /> <br /> à bientôt.<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> Bonjour Jacques. J'aime beaucoup ton article, très bien fait. il en émane profondeur et sentiments. Tu dois être quelqu'un de très sensible. Nous nous nourrissons tous de notre enfance, plus ou<br /> moins bien, c'est selon, et nous conjuguons dans nos coeurs le passé au présent. J'espère cependant que tu trouves beaucoup de bonheur dans cet aujourd'hui, qui, pour certains d'entre nous, fait<br /> plutôt piquer les yeux bien souvent. Samedi, le hasard du calendrier, fera que je publie un article légèrement passéiste aussi. Je te souhaite une très belle journée avec de grosses bises, certes<br /> grises et mouillées, mais bises quand même, que je t'envoie depuis ma montagne glaciale. bea<br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> Un tel récit ne peut qu'apporter la lumière, les souvenirs sont là pour témoigner aujourd'hui de scènes vécues qui à l'époque étaient dures à vivre. Pour en parler, autant le faire avec son<br /> coeur, même s'il apparait au travers de cela, combien c'était difficile.<br /> <br /> <br /> La vie était comme cela, partout dans le pays, chacun avec sa peine, je pense à tous ces métiers, mineurs, marins pêcheurs etc qui à eux seuls évoquaient la dureté. Pour moi, en parler un peu,<br /> c'est mettre en avant une époque pas si lointaine, mais surtout c'est mettre en lumière tous ces gens qui ont travaillé dur et beaucoup souffert pour assurer leur quotidien. Ce ne sont pas des<br /> mauvais souvenirs, je n'en garde aucun ressentiment d'ailleurs. Parler de cela aujourd'hui est plus axé sur le témoignage, sur le respect des anciens et leur reconnaissance.<br /> <br /> <br /> Merci Béa, pour ton très beau commentaire, il me touche beaucoup.<br /> <br /> <br /> Bises émues .<br /> <br /> <br /> Jacques<br /> <br /> <br /> <br />
K
<br /> Tu devrais écrire, Jacques.<br /> Ton récit est prenant et très touchant. très bien écrit aussi.<br /> Continue comme ça, j'aime beaucoup!<br /> <br /> Très belle fin de journée<br /> Karin<br /> <br /> <br />
Répondre
J
<br /> <br /> Je rattrappe mon retard quand même.<br /> <br /> <br /> Merci de ton commentaire Karin, s'il te plait de lire ce que j'écris à ce propos, c'est une réussite pour moi. Pas de moments vains et tu me fais plaisir.<br /> <br /> <br /> Ce sont des souvenirs comme ceux là qui font qu'on finit par découvrir le vrai sens de la vie, même si d'apparence ils ne sont guère joyeux. C'est par eux que l'on peut mesurer le chemin<br /> parcouru. Et de me poser la question;  Aujourd'hui allons nous dans la bonne direction?<br /> <br /> <br /> Belle et douce soirée, mets du bois dans la cheminée.<br /> <br /> <br /> Bises toutes fraiches..<br /> <br /> <br /> <br />