Ce sera quelque chose de particulier, et c'est justement ce pourquoi
j'en parle.
C'est de l'histoire d'un homme, d'un homme tout à fait ordinaire en fait, mais dont le destin fera en sorte qu'il échappe justement à la banalité.
Tout commence en Allemagne à Kayserslauthern là où naquit
WILHELM MAYER.
Au cours de sa jeunesse il fera son service militaire, dans l'artillerie, précisemment dans le "Ober Elsäss. Feld-Artillerie-Regiments Nr. 80" basé à Colmar. (artillerie de campagne à cheval, canon de 77)
C'est d'ailleurs dans cette ville qu'il rencontrera celle qui deviendra son épouse.
Rappelons le au passage, l'alsace est annexée et les allemands installent des "colons" dans cette région pour mieux souder l'alsace au reich allemand.
La guerre déclarée il partipera à plusieurs combats de 1914 à 1916, il fera d'ailleurs l'intégralité de la bataille de Verdun.
Puis il partira avec son unité dans la Somme, plus précisement à Heudicourt.
En ce 3 Novembre 1916, son destin bascule, à l'aube, la nuit encore présente toutefois, à cinq heures du matin, un coup de canon isolé se fait entendre, probablement un tir de réglage;
Alors qu'il revenait avec une partie du train d'artillerie chargé d'approvisionnement divers lorsque l'obus a éclaté le tuant net.
Ni le cheval, ni la charette n'avait été touché, c'est un éclat d'obus qui va le frapper à la gorge.
Destin tragique, d'un artilleur qui périra par le fait d'un artilleur adverse qui sans doute n'aura jamais été informé de ce fait.
WILHELM MAYER fût dans un premier temps enterré dans le village de Sorel-le-Grand parmi tant d'autres de ses camarades.
Par la suite, à la fin des hostilités, comme tous ses camarades, il fût exhumé pour rejoindre le cimetière allemand de Maissemy (02).
Là, il y repose comme les 30478 soldats qui sont regroupés deans cette vaste nécropole.
C'est là, à Maissemy, que j'ai retrouvé sa tombe.
Depuis la découverte de son histoire, transmise par son petit fils, je m'étais fait comme un devoir de le retrouver;
Tombe n° 65, bloc 5
Ce poème de son petit fils
Un très bel hommage.
OBERELLSÄSSICH FELDARTILLERIE REGIMENT N° 80
il revenait avec une partie du train d'artillerie chargé d'approvisionnement divers lorsque l'obus a éclaté le tuant net.
ni le cheval, ni la charette n'avait été touché, c'est un éclat d'obus qui va le frapper à la gorge.
Un trois novembre, vers cinq heures,
un coup de canon d’un artilleur,
vers Heudicourt a envoyé,
un obus dans le ciel étoilé
Wilhelm revenait paisiblement,
d’une corvée de ravitaillement,
bercé par le pas des chevaux
qui faisaient claquer leurs sabots.
Il ignorait à cet instant
qu’un obus depuis un moment
depuis le ciel en tournoyant
allait s’abattre en éclatant.
Peut être alors qu’il pensait,
à sa famille demeurée
tout là bas à Ribeauvillé,
cette famille qu’il aimait.
En Allemagne il était né
en Alsace s’était marié
et cinq enfants ont égayés
ce foyer qu’il avait fondé.
Comme ces souvenirs sont doux,
ici, au milieu de ce monde fou,
où chaque matin est un espoir,
de s’en sortir, de les revoir.
Depuis déjà plus de deux ans,
il est au front comme artilleur,
et avec tout son régiment,
il fait face avec ardeur.
Il a sûrement beaucoup tué,
ceux d’en face, des français,
il n’en sait rien, il est trop loin,
ses obus partent dans le lointain
Il préfère l’ignorer,
tuer n’est pas une chose gaie,
on les a tous obligé,
ainsi à s’entretuer.
Alors il laisse ses pensées voler
vers sa femme bien aimée,
vers ses enfants qu’il a quitté
qui l’attendent à Ribeauvillé.
Peut être même qu’il a au cœur,
l’espoir d’autres temps meilleurs,
il vient de survivre à Verdun,
l’immense charnier de Verdun
Ils viennent d’arriver ici,
tous les espoirs sont permis
ils espèrent un peu de repos,
pour se remettre de tous leurs maux.
La Somme est un endroit tranquille,
ils iront peut être en ville,
boire un café, se promener,
loin du front et des corvées.
Peut être qu’il pense à envoyer,
une carte postale de la contrée,
pour rassurer tout les siens,
leur faire croire que tout va bien.
Peut être même une permission,
dès la fin des installations,
leur sera alors accordée
pour leur permettre de rentrer.
Peut être qu’il pense à un cadeau,
qu’il pourrait rapporter
quelques jouets, quelques gâteaux,
il viendra les bras chargés.
Dans le ciel qui dort,
l’obus vole vers le nord,
le français qui l’a tiré,
à aucun moment n’a visé.
Wilhelm encore est bercé,
sur ce chariot qu’il a chargé
un peu plus tôt, dans le dépôt,
d’obus, de vivres et de café.
Tout à l’heure au déjeuner,
avec ses amis de la batterie,
il évoquera le temps passé,
rira de leurs plaisanteries.
L’obus arrête sa course folle,
il explose dans la nuit,
Wilhelm sent sa vie qui fuit,
et tombe doucement au sol
Peut être une dernière pensée ?
peut être qu’il est étonné ?
espère t-il être juste blessé ?
Personne ne le saura jamais.
Le 5 novembre 1916 commencera
la 1ère offensive de la Somme
WILHELM MAYER, sur votre tombe je suis venu
Vous retrouver, vous parler, vous lire
ce poème écrit par votre petit fils
qui ne vous a jamais connu
mais qui l'aurait sans doute tant souhaité.